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40 ‖ DECEMBRE 2024
Les mécanismes de gestion des conflits dans l’espace nigérien (XVIIIe-XIXe siècle): un système traditionnel de régulation de la paix
Résumé
Les conflits dans le monde en général et en Afrique en particulier, et les mécanismes de leur gestion, occupent une place importante dans les paradigmes de recherche scientifique ces dernières décennies. Beaucoup de chercheurs et institutions panafricaines et internationales comme l’Union Africaine, le PNUD et l’UNESCO en ont fait leur centre d’intérêt. Le présent article examine les mécanismes de gestion des conflits utilisés dans l’espace nigérien. Il est écrit à partir de nos travaux antérieurs, une revue de la littérature sur le sujet et des données qualitatives. Il ressort de cette analyse que, jusqu’à la fin du trouble XIXe siècle, des entités politiques étaient encore en conflit, les unes avec les autres. Mais, ces conflits ne s’enlisent pas. Ils sont résolus par des initiatives endogènes, souvent sur décision des protagonistes eux-mêmes. Les mécanismes utilisés prônent la paix et tirent leurs fondements de l’Islam et de la tradition. En termes de comparaison, ils ne sont pas différents des dispositions de la Charte des Nations unies du 26 juin 1945 en vigueur aujourd’hui.
Abstract
Conflicts in the world and in Africa, and the mechanisms for their managing, have come to occupy an important place in scientific research paradigms in recent decades. Numerous African and foreign researchers, as well as international and pan-African institutions such as the UNDP, UNESCO and the African Union, have written extensively on the subject. Until the end of the 19th century, many political entities in Niger were still in conflict with one another. However, no conflict became bogged down because of the impossibility of finding a solution. Disputes are resolved through endogenous initiatives, often by decision of the protagonists themselves. All the mechanisms used advocate peace and are based on Islam. They also comply with positive international law governing the United Nations Charter of June 26, 1945.
Table des matières
Texte intégral
pp. 126-147
01/12/2024
Introduction
1Dans un monde fragmenté marqué par les conflits et la violence gratuite, les réflexions sur les modes d’accès à la paix revêtent une grande importante. Cette assertion trouve davantage tout son sens quand il s’agit de l’espace sahélien en proie à une vague terroriste sans précédent. L’une des conséquences de ce phénomène est le développement des conflits intercommunautaires, l’altérité, la suspicion, la marginalisation, le rejet, la rupture de la cohésion sociale et les conflits intercommunautaires. La gestion de cette situation devient dès lors un impératif catégorique et est essentielle pour la paix, la stabilité et le développement, particulièrement pour un pays comme le Niger. Des organisations panafricaines et internationales mènent déjà des initiatives dans ce sens depuis quelques années.
2Le présent article centré sur les mécanismes de gestion des conflits dans l’espace nigérien contribue à cet effort et s’insère dans la même dynamique. Par mécanismes de gestion des conflits, il faut entendre les modes et pratiques d’ingénierie sociale inventés par les populations en faveur de la paix.
3Beaucoup d’études existent sur la thématique. Dès 1999, l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, les sciences et la culture (UNESCO) publie un important document intitulé Les fondements endogènes d’une culture de la paix en Afrique, Mécanismes traditionnels de prévention et de résolution des conflits. L’idée d’une telle initiative s’explique par un contexte continental explosif, marqué par une multitude de conflits. Entre 1990 et 1997, il en a été dénombré pas moins d’une cinquantaine, beaucoup ayant un caractère interne (Unesco, 1999). Cette période 1990-2000 est aussi témoin d’un foisonnement de productions scientifiques sur la question de la paix grâce aux travaux de chercheurs qui ont pris le relais des institutions. Philippe Hugon (2007), Vincent Hugeux (2010), ainsi que certaines institutions internationales ont consacré de nombreux écrits aux conflits. Quant à Etienne Smith, Cécile Canut, Doulaye Konaté, Dénis Douyon, Adamou Barké, ils se sont intéressés à la parenté à plaisanterie en Afrique de l’ouest. En 2009, un colloque scientifique international sur la parenté à plaisanterie a été organisé à Niamey, au Niger, réunissant plusieurs spécialistes. Les actes ont été publiés dans la revue Etudes sahéliennes en 2012. En 2015, l’Union Africaine (UA) publie la version finale de son Agenda 2063, intitulé l’Afrique que nous voulons, dans lequel elle décline sa vision pour le continent : faire de l’Afrique un continent intégré, prospère et paisible à l’horizon 2063. Il s’agit d’une Afrique émergente, dynamique, réappropriée par ses propres citoyens et gérée par eux. Mais, il est connu d’avance que cet objectif ne peut être atteint sans cet incontournable facteur de stabilité qu’est la paix. Cette initiative majeure a donc donné le ton à un branle-bas de rencontres politiques et scientifiques et stimulé la recherche scientifique en faveur du triptyque Conflits-mécanismes de prévention et de résolution des conflits-paix. Dans la foulée, entre 2019 et 2023, le Centre d’Etudes Linguistiques et Historiques par Traditions Orales (CELHTO) commandite une série d’études régionales sur les mécanismes endogènes de gestion des conflits. Ce travail a permis d’inventorier tous les éléments d’ingénierie sociale et politique propices à la paix dont le continent recèle et d’évaluer la valeur symbolique et réelle de cet héritage. Il ne s’agit pas d’un simple recensement de pratiques endogènes anciennes mais d’un essai de capitalisation dans le but de les sauvegarder et de les utiliser au besoin pour asseoir les bases d’une paix durable.
4Ce bilan de la recherche de 1990 à 2023 fait ressortir l’existence d’une importante production scientifique sur les mécanismes de gestion des conflits. Pour la plupart, les contenus des réflexions se focalisent sur l’existence de ces instruments, leur histoire, leur utilité, leurs forces, leurs limites. C’est pourquoi aujourd’hui, les réflexions doivent se concentrer sur les aspects peu ou non encore documentés tels que la question des fondements qui éclairent mieux sur les soubassements historiques, culturels et religieux aptes à donner plus de légitimité, de poids, d’audience à ces valeurs partagées et pratiques anciennes, dans le contexte actuel. Il n’y a pas non plus d’étude comparative véritable avec le droit positif international édicté par la Charte des Nations Unies en vigueur aujourd’hui d’où la nécessité de l’ébaucher ici. C’est à cette problématique que cet article se consacre.
5Quels sont les principaux mécanismes de gestion des conflits dans l’espace nigérien ? Quels sont les fondements de ces instruments d’ingénierie sociale? En quoi peuvent-ils toujours être considérés comme pertinents aujourd’hui?
6L’article est écrit à partir d’une revue de la littérature et d’entretiens avec des personnes ressources imprégnées de la question (Chercheurs, responsables du CELHTO, Ouléma).
7Il s’articule autour des points suivants : i) la typologie des mécanismes de gestion des conflits dans l’espace nigérien; ii) les fondements juridiques; iii) la comparaison avec les dispositions du droit positif de la charte des Nations Unies qui est la référence universelle aujourd’hui.
Typologie des mécanismes de gestion des conflits dans l’espace nigérien
8L’analyse des pratiques communautaires en matière de management de la paix dans l’espace nigérien permet de répartir les mécanismes endogènes de gestion des conflits en deux groupes : ceux qui relèvent de la prévention d’une part, et ceux qui concernent la résolution, d’autre part.
Les mécanismes de prévention des conflits
9« Mieux vaut prévenir que guérir » dit un adage populaire en Afrique. Cette expression trouve davantage son sens quand on parle des conflits, particulièrement lorsqu’ils sont armés. L’objectif de la prévention est d’éviter autant que faire se peut les confrontations armées afin de préserver la vie des personnes et assurer la sécurité de leurs biens ; elle permet de désamorcer la crise. Certains mécanismes sont du ressort du « haut », d’autres, par contre, sont liés aux pratiques culturelles populaires, le « bas »1.
La prévention des conflits par le « haut »
10Dans l’espace nigérien, la culture de la paix est profondément ancrée dans les mœurs populaires. Au niveau du pouvoir, la prévention des conflits s’est essentiellement effectuée par le biais d’une diplomatie épistolaire. Cette dernière est menée à travers des émissaires et des lettres. L’utilisation des correspondances est une tradition ancienne au sommet de l’Etat. C’est par le biais de ce mécanisme que les chefs d’Etats voisins et éloignés communiquent, échangent des nouvelles, se concertent et prennent des décisions communes en cas de nécessité. Ils créent aussi les conditions d’entretien de relations de bon voisinage entre leurs entités politiques respectives. L’examen de cette modalité de dialogue entre formations politiques, qu’elles soient alliées ou rivales, voisines ou lointaines permet de mettre en relief l’existence et la vitalité d’une tangible diplomatie dans la région. Il indique également une abondance d’échanges quasi réguliers de lettres entre des rois sédentaires du sud et certains chefs politiques nomades du nord, en particulier touaregs. Il est en effet important de noter que beaucoup d’échanges de lettres ont été enregistrés entre le royaume du Gobir, les sultanats de Sokoto et de l’Ayar (R. Ali, 2013-2014). Ces échanges et consultations diplomatiques ont ainsi permis de réguler la paix entre ces trois Etats tout au long de la période trouble du XIXe siècle. Les contenus de ces lettres sont, en grande partie, relatifs à la question de gouvernement, à la sécurité, à la prévention et à la résolution des conflits, aux négociations et à la paix, à des demandes ou expressions de souhaits d’alliances politiques, etc. Cette diplomatie épistolaire est souvent allée au-delà des intérêts des populations et des chefs locaux. Même les voyageurs étrangers ont bénéficié des bienfaits de cette pratique au cours de la seconde moitié du XIXe siècle. Certains d’entre eux ont été ainsi soutenus et protégés au cours de leurs déplacements. C’est le cas de certains hôtes de marque, notamment les explorateurs et les missionnaires européens tels que l’explorateur allemand Henri Barth envoyé dans la région par la Grande Bretagne en vue de collecter, pour son compte, des informations de plusieurs ordres2. Dans les correspondances qu’ils échangent entre eux, les différents chefs dont les territoires devaient être traversés par ces étrangers, s’invitent les uns et les autres à leur assurer la sécurité et à rendre agréable leur séjour dans la région. Les récits de l’explorateur Henri Barth et du missionnaire Louis Parfait Monteil sont pleins de renseignements sur ce plan. Pour assurer la sécurité de Barth et de ses compagnons, le sultan d’Agadez Abdel Kadri a envoyé des correspondances aux émirs de Dawra, Kano et Katsina afin qu’ils facilitent le passage de l’explorateur sur leurs territoires respectifs3.
« Je vous envoie ce message au sujet d’un étranger, mon hôte Abdel Karim qui est venu auprès de moi et se propose de se rendre auprès de l’émir Al Moumenin (le sultan de Sokoto) afin que, lorsqu’il viendra à vous, il soit l’objet de votre bienveillance et de votre protection, et qu’aucun pillard ni flibustier ne puisse nuire à lui ou à son bagage, jusqu’à ce qu’il soit arrivé en sûreté auprès de l’émir al Moumenin. Nous avons écrit ceci principalement à cause des bandits afin que vous puissiez le protéger contre eux de la manière la plus efficace » (H. Barth, 1965, p. 243)
11Cette sollicitation a une explication : elle repose sur un substrat socioculturel et politique solide, fait de contacts préexistants et d’une tradition de relations suivies entre les deux États. L’acte en question n’est pas seulement une simple expression de l’hospitalité légendaire des communautés sahéliennes ; il est aussi et surtout l’expression d’une tradition de contacts anciens, de concertation, de collaboration, etc. entre les formations politiques de la région. En vertu de ces prédispositions, pendant tout le reste de son voyage, Barth a bénéficié de la protection des responsables politiques des États qu’il a traversés. L’autre exemple illustratif de l’existence d’une diplomatie épistolaire entre les Etats de l’espace nigérien, est celui de l’explorateur français Louis Parfait Monteil. En mission de reconnaissance dans la région à l’initiative du gouvernement français dans le cadre de son projet colonial, Monteil a d’abord séjourné à Dosso sur sa route pour Arougoungou. Comme Dosso est un allié de Kabi, le Djermakoy Atta, afin d’éviter tout déboire à son hôte, le recommande expressément à son sultan pour que celui-ci décide favorablement de la suite de son voyage. Il apparait aussi en filigrane l’idée de le confier à la toute-puissance de Kabi non seulement pour l’issue de la suite de son voyage, mais aussi pour sa sécurité et celle de toute l’équipe qui compose l’expédition (R. Ali, 2013-2014).
12L’initiative de la diplomatie épistolaire relève de la discrétion des chefs, mais son accomplissement se réalise à travers des émissaires qu’ils mandatent. Choisis en général pour leur courage et leur fidélité aux trônes, ces hommes sont chargés de transmettre les lettres que les souverains s’envoient mutuellement. Grâce aux documents d’archives conservés aux Archives nationales du Niger (ANN) et au service des Manuscrits arabes et ajami (MARA) de l’Institut de recherche en sciences humaines (IRSH), le contenu de ces lettres est aujourd’hui assez bien connu. Les messages qu’elles portent sont généralement relatifs à la paix, des mises en garde, des propositions de paix ou d’alliance, d’intercession, de négociation, des demandes de soutien politique et d’assistance militaire adressées par un chef se sentant menacé de l’extérieur à un homologue ami, des notifications de frontières, etc.4 Toutes les correspondances relevant de cette catégorie ont un dénominateur commun : la partie introductive des lettres. La formule est la suivante en milieu hausa: Da Sunan Allah Mai raham, Mai jin qai dans les documents en ajami, Bismillahir Rahamanir Rahim5 lorsque la lettre est écrite en langue arabe, suivie de l’identité de l’expéditeur, sa qualité et son lien avec le destinataire de la lettre.6 La mention de cette dernière référence à travers des termes comme Dan uwanka, Amininka, (ton frère, ton ami) traduit la bonne qualité les liens de fraternité, d’amitié et l’esprit de parenté. Ces termes « frère », « ami », « amitié », etc. sont aujourd’hui encore utilisés dans le langage diplomatique international lorsqu’on parle de relations bilatérales. Il est fréquent et habituel de les entendre sortir de la bouche des nouveaux ambassadeurs lorsqu’ils présentent leurs lettres de créance aux dirigeants du pays tiers auprès desquels ils sont accrédités. Cependant, ils n’ont ni la même signification, ni la même profondeur, leur histoire n’étant pas la même. La différence entre les deux cas est même considérable. Dans le langage diplomatique de l’espace nigérien précolonial, les mots ne sont pas véritablement éloignés de leurs sens propres bien qu’ils soient utilisés dans un langage spécifique7. Il y a manifestement de la sincérité dans les propos liminaires qui introduisent les correspondances échangées entre les souverains de la région tandis que dans le langage diplomatique moderne, tout se résume à cette affirmation bien connu du Général De Gaulle, « les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts».
Il existe aussi des mécanismes de prévention des conflits par le « bas ».
La prévention des conflits par le «bas »
13Les mécanismes de gestion des conflits, excellents instruments d’ingénierie sociale, émanent des pratiques populaires et constituent des valeurs partagées par toutes les communautés de l’espace nigérien. Il s’agit d’abord principalement des pratiques et expressions de la parenté à plaisanterie ou cousinage qui relie presque tous les groupes ethniques de l’espace nigérien les uns aux autres (R. Ali, 2013-2014). Il y a ensuite les fêtes et les jeux traditionnels. Ces pratiques culturelles se sont institutionnalisées au sein des différentes communautés à travers les us et coutumes. Il s’agit de traditions plus ou moins anciennes que les générations se sont progressivement appropriées et partagées tout au long des siècles qui ont jalonné leur parcours. Elles se manifestent à travers des compétitions sportives et artistiques, des jeux et des fêtes profanes ou religieuses, sacrificielles ou non, rituelles, ou mixtes. Au-delà de leurs aspects distractifs, religieux et/ou rituels, ces pratiques constituent également des catalyseurs de rapprochement des communautés qui les partagent. Elles favorisent la familiarité, les liens d’amitié, voire de parenté entre les groupes concernés.
14Quoi qu’il en soit, nos investigations sur le sujet ont permis de recenser une diversité de ces jeux et fêtes traditionnels. Il s’agit, entre autres, de la lutte traditionnelle, la cérémonie d’intronisation (Wankan kansakali en hausa, Didiguiyan en zarma) le Bianou, le Guerouwal, le Jôli koura, le Korar tsawtsaï, le Lasar guichiri ou cure salée, le Hotoungo, le Mouloud, le Tounandi, le Yenandi, le Charo ou Chadi, la fantasia, le Doubou, le Wasan kara, etc. (R. Ali, 2013-2014). Traditionnellement, ces évènements obéissent à des normes coutumières précises portées par la mémoire collective dans l’espace nigérien. Ce sont les cycles des semailles, des récoltes et de la transhumance qui en déterminent le cours. Ces jeux et manifestations culturelles contribuent au rapprochement des communautés et favorisent les réconciliations. Ils sont aussi des occasions et moments de convivialité, de cohésion, et de renouvellement de la confiance mutuelle entre les chefs et leurs administrés.
15L’autre versant des mécanismes de gestion des conflits, ce sont les stratégies et pratiques mises en œuvre afin de désamorcer un conflit déjà déclaré. Parfois, la frontière qui les distingue des mécanismes de prévention est très mince, voire peu perceptible.
Les mécanismes de résolution
16Dans l’espace nigérien, les mécanismes de résolution des conflits consistent en des pratiques, faits, actes et stratégies mis en œuvre non seulement pour mettre fin à un conflit, mais, au-delà, pour asseoir les bases d’une paix durable. Les principaux mécanismes de résolution des conflits sont les alliances politiques et les alliances matrimoniales.
Les alliances politiques
17Dans l’espace nigérien, la guerre a souvent contribué à la paix sociale durable. Cela arrive lorsque les parties adverses en guerre, pour des raisons qui leur sont propres ou grâce à la médiation d’une partie tierce mettent fin aux hostilités, décident de faire la paix et s’engagent mutuellement à créer et à préserver les conditions de sa pérennité. Cet épisode débouche toujours sur un pacte ou un engagement entre les protagonistes, comme ce fut le cas entre « le Gobir et l’Ayar en 1689 » (D. Hamani, 1985, p. 481). Il pose ainsi les jalons de cette paix qu’ils souhaitent durable dans la mesure où les parties contractantes sont tenues de respecter leur engagement. La démarche pour aboutir à la paix est donc inclusive et consensuelle. Un interlocuteur hausa nous a dit ceci : bayan fada, in an gane ma juna, sai zaman lafiya, da mutumta juna, de kiyaye juna, da dangantaka (Après la guerre, lorsque les belligérants se sont compris, la suite c’est la paix, la considération réciproque, le respect mutuel et la parenté)8.
18La guerre peut aussi avoir comme issue des alliances politico-militaires et matrimoniales. L’alliance politico-militaire est une coalition décidée à titre préventif ou de façon spontanée, face à un danger imminent, supposé ou réel, par deux ou plusieurs entités politiques, en vue de constituer un bloc suffisamment fort, capable de faire face militairement à un ennemi commun potentiel ou avéré. Elle impose le respect de l’engagement ou de la parole donnée, et consiste à une assistance mutuelle. L’alliance politico-militaire a aussi un caractère dissuasif parce qu’elle permet de réduire les ardeurs des éventuels ennemis contre tout acte d’agression. C’est le cas de l’alliance entre Kabi, Arewa et Dosso au XVIIIe siècle (R. Ali, 2013-2014). Malgré leur caractère circonstanciel et instable, les alliances politico-militaires dans l’espace nigérien ont permis aux entités voisines ou aux groupes voisins de se rapprocher davantage, de former une sorte d’union sacrée autour d’un objectif ou d’un idéal communs dont le but est la survie, la quiétude et la paix.
Les alliances matrimoniales
19L’alliance matrimoniale, quant à elle, repose sur des mariages entre familles princières. Après une guerre qui a permis aux protagonistes de se mesurer ou qui a consacré la victoire de l’un sur l’autre, il est parfois fait recours aux mariages en vue de mettre fin à la guerre et de ne plus y faire recours pour régler les différends. Les alliances matrimoniales sont nouées pour symboliser la réconciliation. Elles aboutissent en général à un pacte que les parties antagoniques concluent entre elles, pour non seulement signifier la fin des hostilités, mais également pour prévenir de nouveaux conflits. Même si elle existait déjà au XVIIe siècle (D. Hamani, 1985), cette pratique a été plus courante au XIXe siècle comme l’ont rapporté les historiens Salifou André (1971) et Alio Mahaman (1997). Ces chercheurs ont en effet découvert toute une panoplie de liens de mariages scellés entre des familles régnantes entre Damagaram et les chefs vaincus ou soumis d’eux-mêmes, le sultanat de l’Ayar et le Gobir, l’Arewa et Dosso…. Nous avons, dans nos travaux antérieurs, signalé l’existence des relations politiques entre Dosso et l’Arewa. En plus de cela, ces deux entités politiques précoloniales ont eu à sceller des relations matrimoniales. D’après un informateur proche de la famille princière de Dosso avec lequel nous nous étions entretenu à Niamey le 07/10/2013 et qui a requis l’anonymat, un Zarmakoy a épousé la nommée Zara Matankari, une princesse de Matankari. D’après un rapport politique colonial de 1937 classé aux archives nationales, ce Zarmakoy aurait aussi donné sa fille en mariage au chef de Konni Arzika9. D’après le rapport Zarmakoy voulait, à travers ces relations humaines étendre sa zone d’influence vers l’Est par des alliances.
20L’alliance peut être scellée entre deux États ou au sein d’une même entité disposant d’un espace territorial considérable. En fondant sa réflexion sur les anciens empires du Ghana et du Mali et de bien d’autres royaumes du Soudan occidental aux XVIIIe et XIXe siècles, Fofana Bakary (2005 : 79) parle d’alliances matrimoniales étendues. Tout comme au Soudan occidental, au Soudan central aussi, les chefs de l’espace nigérien prenaient des épouses dans différentes provinces de leur État (cas du Damagaram) ou dans les entités voisines ou même rivales (Agadez, Gobir, Dosso, Borno, etc.) dans l’optique de sceller la paix, après un conflit. Les liens de sang qui résultent de ces alliances constituent un ciment entre la famille impériale et les suzerains locaux ou entre les familles royales. Les enfants issus de ces mariages constituent des relais efficaces du pouvoir central et d’excellents médiateurs en cas de conflits. Ces alliances ont souvent une double motivation : acquérir une influence sur certaines entités et pacifier les relations avec d’autres. De la qualité de ces relations au sommet dépendent la paix sociale et la stabilité des États et de la région d’une manière générale.
21Malgré leurs objectifs purement politiques, les mariages entre familles princières ont aussi un impact social fort puisqu’ils favorisent les adoptions, les brassages et la parenté réelle. Cette intégration au niveau des familles régnantes crée des liens de sang et renforce les relations mutuelles. Car, au-delà des tenants du pouvoir, le bénéfice de l’établissement des liens matrimoniaux au sommet de l’État est partagé de diverses manières par les populations. Ces liens matrimoniaux sont aussi déterminants pour la paix régionale. Il y a aussi les mariages inter claniques qui, non seulement permettent de rapprocher socialement les clans, mais aussi et surtout créent entre eux des liens de sang et réduisent considérablement les risques de conflits inter claniques.
22A regarder de près, ces mécanismes endogènes de gestion des conflits dans l’espace nigérien reposent sur des bases culturelles et islamiques.
Les Fondements
Ils sont de deux types, culturel et islamique.
Les fondements culturels
23Les mécanismes endogènes de gestion des conflits dans l’espace reposent dans une certaine mesure sur des bases culturelles. C’est une réalité sociale, surtout très prégnante dans les rapports des Touaregs avec les autres Etats. Dans la gestion des conflits qui, à travers l’histoire, ont opposé le sultanat de l’Ayar à d’autres entités politiques de la région, les Touaregs ont souvent fait recours à des mécanismes alternatifs. C’est ainsi que la vendetta a été utilisée à l’occasion de plusieurs guerres extérieures des Touaregs. Ce fut le cas contre le Zamfara, le Borno et le Kabi de Kanta, d’abord au cours du XVIIIe siècle, puis au XIXe siècle (R. Ali, 2013-2014). Dans ces cas précis, le recours aux pourparlers et au Sulh est venu après l’usage de la force, sanctionné en général par une confrontation armée, la destruction des villages, la prise des captifs de guerre, etc.
24On peut verser dans ce registre des pratiques politico-stratégiques que l’on qualifier d’isolées ou de spécifiques. C’est un chantier qui reste toujours à déblayer et à défricher du point de vue de la recherche scientifique, mais il convient d’ores et déjà citer le cas du royaume de Kantché dans un conflit qui l’a opposé au Borno. L’affaire remonterait à 1851. Devant une guerre devenue inévitable entre les deux Etats, le chef de Kantché a proposé à l’empereur du Borno d’aller piller le village de Tassaou relevant de sa dépendance, en contrepartie de la renonciation à la guerre (R. Ali, 2013-2014). Pour le moment, nos recherches ne nous autorisent pas à donner à cet acte une portée générale. Les mécanismes d’essence islamique ne sont pas contradictoires avec le droit positif international.
Les fondements islamiques
25Les mécanismes de gestion des conflits dans l’espace nigérien tirent aussi leurs fondements de l’islam, religion dominante. Le développement de ces mécanismes fondés sur le droit et la jurisprudence islamiques est donc la conséquence de l’islamisation des populations. C’est pourquoi, toutes les pratiques en matière de prévention et de règlement des conflits sont largement conçues autour des références islamiques en la matière, notamment le Sulh, l’arbitrage, la justice et le recours à la force.
26Le Sulh ou Ja’iz est permis aux musulmans pour prévenir ou régler un conflit survenu entre eux, sauf dans le cas où il va à l’encontre des prescriptions islamiques. Aussi, n’est-il pas permis lorsqu’il pourrait aboutir à autoriser un fait défendu ou à défendre un fait permis, comme respectivement autoriser l’adultère ou défendre la polygamie10. Le verset suivant montre bien le fondement islamique de ce mécanisme de prévention et de règlement de conflit : « Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères… »11. D’autres versets coraniques, notamment les versets 1 et 61 de la Sourate Al Anfâl qui disent respectivement « Craignez Allah, maintenez la concorde entre vous… » ; « Et s’ils s’inclinent à la paix, incline vers celle-ci (toi aussi) et place ta confiance en Allah » montrent à quel point le Sulh est recommandé pour prévenir ou régler un conflit en terre d’islam.
27L’arbitrage est aussi mentionné dans les sources de droit islamique (Coran et Sounnah) comme facteur de rétablissement de la paix entre deux ou plusieurs parties en conflit. Il est cité dans plusieurs versets du coran, notamment le verset 65 de la sourate An Nisa’i où il est dit ceci : « Non ! ... par ton seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu’ils ne t’auront demandé de juger de leurs disputes et qu’ils n’auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé et qu’ils se soumettent complètement (à ta sentence)12. Ce verset indique le caractère obligatoire, définitif et exécutoire de la sentence arbitrale (I.M. Touré, 2007, p.49). Toujours par rapport à la recommandation faite par la Sounnah de régler les conflits par l’arbitrage, on peut citer ce hadith, cette autre source de loi : « Celui à qui on a soumis un litige (à un arbitrage) par un commun accord des parties et qu’il a jugé injustement, que la malédiction d’Allah tombe sur lui »13.
28La justice est également prescrite comme moyen de règlement de conflit comme le montre bien cet autre verset qui dit : « Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont les injustes »14.
29Enfin, le recours à la force est également un autre moyen de règlement de conflit autorisé par la charia, mais cette solution extrême doit s’opérer dans des conditions bien précises. On ne peut recourir à la force qu’au cas où on est injustement attaqué chez soi pour des raisons liées à l’appartenance religieuse. Le verset coranique suivant précise les conditions dans lesquelles le recours à la force est permis :
« Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre) parce que vraiment ils sont lésés ; et Allah est certes capable de secourir - Ceux qui ont été expulsés de leurs demeures – contre toute justice, simplement parce qu’ils disaient Allah est notre seigneur »15 ;
« Combattez dans le sentier d’Allah ceux qui vous combattent » ;
« le combat vous a été prescrit ».
30L’examen des fondements juridico-religieux permet d’établir un lien avec certaines dispositions de la charte des Nations Unies qui a clairement édicté les dispositions à prendre et les attitudes à adopter pour gérer les conflits. Le lien entre ces mécanises endogènes et le droit positif international par le biais duquel on régule les conflits à l’échelle mondiale est évident, d’où leur universalisme.
Similitudes avec la Charte des Nations Unies, un facteur d’universalité
31De par leurs fondements juridiques et religieux (islamiques), les mécanismes endogènes de gestion des conflits que la recherche historique a permis d’identifier dans l’histoire de l’espace nigérien ne s’opposent pas aux principes du droit contemporain international. On peut admettre qu’ils font même corps avec eux, car ils se recoupent à plusieurs niveaux, malgré l’écart temporel qui les sépare. En effet, tout comme la tradition développée dans l’espace nigérien, le droit positif international consacre, lui aussi, des méthodes pacifiques. Il s’agit de principes comme la négociation internationale, la médiation, les bons offices, la conciliation, l’arbitrage et la justice. Le recours à la force est envisagé exceptionnellement comme une méthode de prévention et de règlement de conflit à caractère impératif (I. M. Touré, 2007, p. 51). Ce caractère impératif affirmé par la Charte des Nations Unies dans son chapitre 1 (article 1, Point 1) et en son chapitre VI, article 33 (points 1 et 2), est réaffirmé par la Cour internationale de justice de la Haye dans son arrêt du 27 juin 1986. Il est aussi repris dans la résolution 2625 du 24 octobre 1970 par la 257ème Assemblée générale des Nations Unies codifiant les sept principes structurants de l’ordre juridique internationale (droit international) touchant les relations amicales et la coopération entre les États. On voit bien que la charte des Nations Unies a bien balisé la question des conflits. Toutes les dispositions concourent soit à les prévenir pour qu’ils n’éclatent pas, soit à les résoudre lorsqu’ils se sont déjà produits. C’est bien le cas des mécanismes endogènes auxquels ont eu recours les communautés de l’espace nigérien à travers l’histoire et qui influencent aujourd’hui encore les relations intercommunautaires.
32Ces éléments de comparaison entre les mécanismes de gestion des conflits répertoriés dans l’espace nigérien et les dispositions de la charte des Nations Unies relatives à la gestion des conflits dans le monde révèlent l’existence d’une grande similitude, malgré l’écart temporel important qui les caractérisent.
Conclusion
33L’histoire universelle révèle que l’humanité a toujours connu la guerre. Aucune communauté, aucune société, aucun pays n’y a été épargné. Tout comme les causes des conflits sont diverses, les mécanismes de leur prévention et de leur résolution, c’est-à-dire leur gestion, sont aussi divers. En ce qui concerne l’espace nigérien, plusieurs mécanismes sont identifiés à ce jour. Certains comme la diplomatie épistolaire utilisée au sommet des Etats, la parenté à plaisanterie et les jeux et fêtes traditionnelles utilisés par le bas, relèvent de la prévention. D’autres, notamment les alliances politico-militaires et matrimoniales relèvent de la résolution. Ces instruments d’ingénierie sociale inventés pour la gestion des conflits reposent essentiellement sur deux types de fondements solides, culturels et islamiques. Par rapport aux fondements culturels, il convient de citer la vendetta bien documentée et autres pratiques peu ordinaires qu’il reste encore à bien cerner et comprendre. Concernant les fondements islamiques, ils sont reposent sur le droit et la jurisprudence islamiques. Ces derniers sont en parfaite adéquation avec les dispositions de la charte des Nations Unies relatives à la gestion des conflits dans le monde. C’est cette adéquation qui leur donne un cachet universel dans le contexte d’aujourd’hui.
Bibliographie
ALI Roufaï, 2013-2014, Les relations intercommunautaires dans l’espace nigérien (XVIe-XIXe siècle : des atouts pour l’intégration nationale et régionale, Thèse de doctorat unique, Université Abdou Moumouni.
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Notes
1 Les notions de « haut » et de « bas » désignent respectivement les dirigeants et les populations à la base.
2 Compte tenu de l’importance de leurs expéditions et des cadeaux qu’ils faisaient aux chefs locaux dont ils traversent les territoires, des explorateurs comme Henri Barth ont été considérés comme des hôtes de marque. Cf. la lettre du Sultan Aliou d’Agadez au Chef de Dawra dans laquelle il demandait un sauf-conduit pour son hôte de marque Barth.
3 BARTH Henri, Voyages et découvertes en Afrique septentrionale et centrale pendant les années 1849-1854, Tome II, p.243.
4 Beaucoup de correspondances portant sur ces thématiques sont consignées dans le Journal des Etudes historiques de Boubou Hama, dans leurs versions traduites.
5 C’est par cette formule que s’ouvrent toutes les sourates du Coran sauf la sourate 9, At Tawbat (le Repentir).
6 De nombreuses lettres consignées dans Recherches historiques nigériennes (Septembre 1964- mai 1969), de Boubou Hama conservés aux Archives Nationales du Niger répondent à cette description.
7 Entretiens avec Damouré Zika le 14/01/08 à Lamordé (Niamey) ; Abdou Salam Ibrah, le 28/04/2010 à l’inspection de l’enseignement primaire de Zinder II.
8 Entretien avec Ibrahim Ango, le 22 août 2013, à Toula, Lamordé, Niamey.
9 Rapport politique, Cercle de Konni, 1937, cote 1E22.31, Archives nationales du Niger.
10 LYAN, E., Histoire de l’organisation judiciaire en pays d’islam, Tome 1, Librairie du Recueil Sirey, Paris, P.23 (Cité par Touré).
11 Sourate Al Hujrat, Verset 10.
12 Sourate An Nisa’i, verset 65.
13 Ce hadith cité par Touré dans sa communication, au colloque tenu en 2007 à Niamey sur les sources orales comme sources historiques, est tiré de l’œuvre de Sab’awi Ibrahim Hassane Hallu an Nizât at baynaal-duwal al-Arabiya. Dirâssa fi-lQânun al-Dawii, Première édition, Dar Al Shun al Taqâfiyya al-â amma, Bagdad, 1987, P.194.NT.
14 Sourate Al Ma’idah, versets 45. Le verset 47 de la même sourate dit également ceci : « Que les gens d’évangile jugent d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont des pervers ». La Sounnah, à travers des hadiths, va dans le même sens que ces versets, ce qui montre combien la justice est importante en islam. Touré renvoie au sommaire du Sahih Muslim, traduction de Fawzi Chaaban, révisé par Saïd M AL-LAHAM, vol. II, 1ère édition, Dar Al-Fikr, Beyrouth, 1992, p 300 ; El Boukhari : les traditions islamiques, traduction française, M Hermann Zotenberg, tome IV, Editions AMI Jean Mabille, Abidjan, 1992, pp 507-508.
15 Touré note que ce verset date de peu après l’Hégire et marque, de ce fait, le début de la guerre défensive.
Pour citer ce document
Quelques mots à propos de : Amadou Roufai ALI
Ecole Normale Supérieure/
Université Abdou Moumouni
roufayasmine@yahoo.fr